Scatter
2017, dispersion lente et spontanée d’un cylindre en bitume moulé, dimensions variables
« Un cylindre de bitume se répand pour devenir une grande flaque. On songe alors aux expansions de César, mais inversées: ce n’est plus une forme molle qui vient se figer, mais, à l’inverse, un objet en apparence solide, qui vient se libérer de sa forme géométrique initiale pour une autre, incertaine. Ce n’est jamais là, en réalité, que
revenir à une poétique des formes plus ancienne. Un tel processus a pu intéresser quelques architectes à la Renaissance ou de l’époque baroque, qui concevaient des formes donnant la sensation de se désagréger ou de se déverser. Nul mieux que l’historien de l’art Heinrich Wölfflin a su percevoir cet univers, entre fluidité et viscosité, et nous permettre ainsi de concevoir ce qui retient notre regard dans l’oeuvre de Noémie Vulpian: “le charme réside dans le changement de nature de la forme qui, de fixe qu’elle était, devient libre”. Solide devenant liquide, cylindre qui finit en flaque, forme fixe et fermée qui s’ouvre: c’est cette région trouble en même temps élégante que certaines des oeuvres de l’artiste viennent explorer. »
François-René Martin
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Noémie Vulpian
Née en 1986 à Valence (France)
Vit et travaille à Mexico (Mexique)
Née en 1986, Noémie Vulpian est une jeune artiste française dont la pratique sculpturale, à la fois processuelle et physique, aboutit à des formes élémentaires, simples, d’une élégante ambiguïté. Son travail a été notamment exposé au Palais des Beaux-Arts de Paris, à la Fundación Casa Wabi au Mexique, à la Maison Rouge à Paris ainsi qu’à la Cité de la Mode et du Design.
Noémie Vulpian a étudié de 2008 à 2014 aux Beaux-Arts de Paris. C’est précisément à la fin de sa formation qu’émerge un premier groupe de sculptures, toutes datées de 2014. Cette série révèle des formes en apparence fragiles évoquant aussi bien des objets primitifs que des œuvres issues d’une pratique post-minimale. Chacune de ces pièces découlent d’un même processus. L’artiste constitue au préalable un cylindre plein en terre crue ou goudron, puis par écrasement successifs, à la main ou mécaniquement, une forme se produit peu à peu. Ces matériaux rudimentaires, voire pauvres, possèdent des propriétés meubles offrant à l’artiste la possibilité de les manipuler, de les travailler. Ils ont également la particularité de se solidifier au contact de l’air, de se pérenniser avec le temps. La répétition de cette même action aboutit à des formes plus ou moins contrôlées et de cette composante aléatoire naissent des objets sculpturaux évoquant des cuillères (Leeward, 2014), des langues (Beware of Artists With a Golden Tongue, 2013), des empreintes au sol (Semelles (2), 2014) voire des idoles d’une civilisation perdue. Ce qui n’étonne guère lorsqu’on sait que Noémie Vulpian s’est beaucoup intéressée à l’art antique, méso-américain ou encore du Proche-Orient. Dans certaines pièces comme Semelles (2), l’artiste joue d’un contraste entre un matériau sans noblesse et toxique (ici le goudron) et l’or, à la fois précieux et millénaire, dont les feuilles recouvrent la partie haute.
En 2016, à la faveur d’une résidence à la Fundación Casa Wabi située à Oaxaca sur la côte pacifique du Mexique, Noémie Vulpian produit un nouveau corpus d’œuvres mettant encore en scène la transformation d’un matériau. Cette fois-ci c’est un élément naturel issu de la flore locale qui a servi à l’artiste pour composer des installations végétales aux formes élégantes. Parihuelas (2016) procède d’une extraction de la fleur et de la coque d’un palmier typique du littoral pacifique mexicain que l’artiste dispose nues sur le sol. Ce matériau organique, brut, change progressivement de couleur, se dessèche voire se fane. Comme en atteste la photographie intitulée Parihuela. Flor (2016) où la fleur posée contre un mur commence à lentement perdre ses grappes jaunes, le travail en cours de Noémie Vulpian offre au spectateur d’observer sans fard le lent et inexorable processus de transformation du vivant.
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