Soleil jaune, 2017
Depuis 2016, je développe une réflexion sur la tradition du coucher de soleil dans le champ de la représentation photographique. Initialement intitulé Rising Sunset, ce travail constitue une recherche sur différents aspects :
– la fascination et les croyances religieuses pour le soleil comme origine de tout ;
– la contemplation du phénomène céleste et sa récupération par les codes de la communication synonymes d’exotisme et d’extase ;
– la sémantique de la couleur ;
– le statut d’un objet figuré lorsque le protocole de prise de vue ou l’image se répète ;
– les possibles du tirage analogique.
Les prises de vue de Rising Sunset sont réalisées en négatif, et tirées en chambre noire selon un protocole qui rend chaque tirage unique, bien que le négatif, lui, soit utilisable plusieurs fois. Cette unicité de l’image rendue va à l’encontre du principe singulier de la photographie qui est sa reproductibilité. Reproductibilité poussée à l’identique par l’avènement des moyens numériques d’impression. Ces moyens permettent non seulement une reproduction en nombre potentiellement infini, mais aussi une utilisation dans l’espace public ou comme intégration à l’architecture, par exemple, grâce à la diversification des supports d’impression numérique, susceptibles d’être apposés partout.
Pour Oh, Les Beaux Jours, je souhaite employer une seule image représentant le Soleil, pour la déployer dans l’espace urbain de manière virale, selon les codes de la « propagande ».
Dans la ville de Louvain-la-Neuve, chaque nuance chromatique oscille entre le gris et le brun, le reste n’est que néon. Pourtant, un ordre invisible diffuse un message positif, sans slogan, juste un symbole, une poussée contradictoire de couleur optimiste lumineuse, répété à l’infini comme un message d’autorité et d’espoir, comme une forme d’hypnose : un Soleil.
Imprimé sur des affiches de 1m2, ce Soleil se répète sur tous les supports possibles destinés à la communication publique, indéfiniment, s’inscrivant dans ce paysage urbain comme des fenêtres artificielles ouvrant sur ce symbole apaisant. « Symbole » car dans sa répétition, la représentation du soleil disparaît au profit de la couleur et de la forme. Installée par ailleurs en vitrail sur la fenêtre ronde d’un auditoire, dominant une place publique, l’image du soleil retrouve sa dimension « politico-religieuse », comme une fiction agissant dans le réel. Selon que l’on sera le jour ou bien la nuit, l’image, translucide, sera visible sur sa face éclairée, de même que sur sa face rétro-éclairée, diffusant dans ce dernier cas sa couleur jaune solaire.
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Sébastien Reuzé
Sébastien Reuzé est né en France en 1970. Il vit et travaille à Bruxelles.
Le travail de Sébastien Reuzé consiste en une recherche sur les pratiques et les usages de la photographie, et en leur application dans l’étude des mythes contemporains. Recherches plastiques, recherches sociologiques et recherches scénographiques l’alimentent conjointement.
Il est l’auteur de Indian Springs, (ed. Centre de la Photographie de Genève / Herman Byrd), fiction décrivant la journée d’un pilote de drones dans l’US Air Force (2012-2013). L’édition est une partie intégrante de son travail : Independance, 2001. Constellations, 2002 (ed. La Lettre Volée). Natures Mortes I II III IV V VI, 2003. CMYK, 2004. Jeu de Cartes, 2006, (ed. BOZAR). Numéristique, 2009 (ed. La Lettre Volée). Wavelengths of Light, 2010 (ed. Contretype). Brooklands Morning, 2013, (ed. Herman Byrd). Bullseye of Indian Springs, 2015 (ed. Herman Byrd). Le Morning, 2015 (ed. Herman Byrd). Il développe actuellement le WAVE IX, qui est à la fois un journal et une œuvre (ed. Herman Byrd).
Expositions
Rising Sunset, Catherine Bastide Project (B)(F), CAMERA(AUTO)CONTROL, Centre de La Photographie de Genève (2016), Magic and Power, Marta Herford Museum, Herford (D, 2016), Le Morning Etablissements d’En Face, Bruxelles (2015), Dark Rising Sun, De La Charge, Bruxelles (2015), Young Belgian Art Prize, BOZAR, Brussels (B, 2005), 3 + 3 font…, Centre Photographique d’ïle-de-France, Pontault-Combault (F, 2005), Sébastien Reuzé, La Criée Centre d’Art Contemporain, Rennes (F, 2003), Independance, in Le Vertige de l’Evidence, 2e Année Photographique de Québec (CA, 2001). Avec l’artiste Erwan Mahéo il est co-fondateur du projet-label-avatar Herman Byrd, un amateur d’art fictif qui se destine notamment à l’édition.
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